La frontière actuelle a été définie par les traités de Lausanne de 1564 avec l’état de Genève et par celui de Thonon de 1569 avec celui du Valais à partir des limites administratives existant alors au sein des états de Savoie. Ces traités officialisaient la perte, par la Savoie, de toutes les possessions qu’elle avait au nord et à l’est du lac Léman.
Une modification importante a été apportée par le traité de 1815 pour ce qui concerne Genève :
– Cession de territoires pour désenclaver La Ville et pour lui permettre d’avoir une continuité géographique avec le canton de Vaud, ce qui devenait indispensable au moment où l’état de Genève entrait dans la Confédération helvétique. La Savoie cédait alors 24 communes ou partie de communes représentant 108,8 km² et 12700 habitants. Parmi les communes cédées, il y avait Carouge, une ville que la monarchie sarde avait créée pour concurrencer Genève (à partir de 1772). NB : de son coté, la France acceptait de céder 8 communes du département de l’Ain.
– Création d’une zone franche douanière autour de Genève pour lui permettre de s’approvisionner en biens de consommation non taxés. Cette zone avait été agrandie en 1860 par le gouvernement français pour permettre aux Hauts-Savoyards de voter « oui » au référendum. En 1919, l’extension de 1860 est supprimée. En 1923, suite au rejet par le peuple suisse de l’accord de 1921 entre la France et la Suisse, le gouvernement français décide unilatéralement de supprimer la zone de 1815. En 1934, la zone de 1815 est rétablie suite à une décision du tribunal international de la Haye et à un arbitrage fixant les modalités pratiques (arbitrage dit de Territet).
Une autre modification a été admise en 1737 concernant le col de Morgins. Depuis toujours la limite entre la Vallée d’Abondance et le Valais était la ligne de partage des eaux mais le roi avait accepté une demande des Valaisans visant à leur céder le sommet de la pointe du Corbeau, ce qui leur permettait de surveiller le col de Morgins. Bien que non ratifié par les instances de l’état sarde, les Valaisans ont considéré que cet accord était valable et ils l’ont appliqué. Dans les années 1890, le gouvernement français s’était inquiété de cette anomalie mais finalement les choses sont restées en l’état et il n’y a jamais eu de problèmes. Pratiquement, les alpagistes de Châtel utilisant les alpages du Corbeau payaient les redevances aux Suisses. Cette situation a cessé puisqu’aujourd’hui, ces alpages sont abandonnés.
Aujourd’hui, du fait des accords européens et bilatéraux, la notion de frontière a bien évolué et le rôle de la douane aussi. La plupart des bâtiments de douane ne sont plus occupés. Le nombre de douaniers a été considérablement réduit et l’exercice de la mission largement modifié pour l’adapter aux circonstances nouvelles.
Pour conserver l’histoire de 200 ans de douane et de contrebande, la commune de Chatel a décidé de racheter le bâtiment de la douane implanté au bas du Col de Morgins pour en faire un Centre d’interprétation de la contrebande en montagne, auquel on a donné le nom de « Vieille douane ». Pour tous renseignements, s’adresser à la mairie ou à l’office de tourisme.