Patrimoine immobolier : les châteaux

Patrimoine immobilier  : Les châteaux

 

 

 – Le château de Chambéry.  
C’est l’ancien château des ducs de Savoie qui l’occupèrent   jusqu’à  leur installation à Turin en 1563. Aujourd’hui, il est occupé par le Conseil départemental, la préfecture et l’Académie de Savoie.
C’est 1232  que le comte Thomas  achète à Chambéry une partie des biens et droits  de Berlion, seigneur de Chambéry,  mais ce n’est qu’en 1295 que le  comte  Amédée V achète le château  à François de La Rochette, alors seigneur de Chambéry, pour en faire sa résidence principale et celle de l’administration.  A cette date, le château n’étaient encore qu’un château fort de défense mais, au fil du temps,   les comtes  puis ducs et rois y firent d’importants  travaux. D’autres travaux durent être faits pour réparer les dégâts causés par des incendies,  notamment en 1532, 1743,1798 et 1997.
Lors de son passage à Chambéry, le 19  février 1416,  l’empereur du Saint Empire, Sigismond, y fut magnifiquement reçu et, à cette occasion, il accorda au comte de Savoie Amédée VIII le titre de duc de l’empire.  C’est dans ce château que fut signé l’acte officiel du rattachement de la Savoie à la France le 14 juin 1860.
La chapelle du château est appelée Sainte chapelle car elle abrita, le Saint Suaire   de 1502 à 1578, date à laquelle il fut transféré à Turin où il est toujours  (dans la cathédrale Saint-Jean-Baptiste).

Le Château d’Annecy
C’est l’ancienne résidence des comtes de Genève et des ducs de Genevois-Nemours. Puis, il fut plus ou moins abandonné. Ensuite, il servit de caserne jusqu’en 1947, date à laquelle la Ville d’Annecy l’a acheté et l’a restauré pour en faire un musée. On y  organise  aussi des réceptions.

–  Le château de Clermont  (commune de Clermont-en-Genevois, à 30 km d’Annecy et 50 de Genève)
Le château fut érigé entre 1576 et 1580 sur le flanc sud de la colline qui supportait l’ancien château médiéval,  par Gallois Regard (1512-1582), évêque de Bagnorea  (dans le Latium près de Rome , nom actuel : Bagnoregio) et originaire  du village  où son père était notaire. Ce proche des Papes a fait bâtir sa résidence en conservant  des éléments médiévaux qui composaient la maison de son père, en contrebas de l’ancien château médiéval.   L’ensemble des travaux ont abouti à la mise en place d’un ensemble monumental  cohérent et harmonieux.
Certains éléments architecturaux, telles que les grandes fenêtres sans meneau ni traverse du corps de logis, les galeries sur la cour intérieure et la façade imposante décorée percée d’une immense fenêtre-balcon, qui servait autant à voir qu’à être vu, témoignent à la fois du raffinement et de la connaissance architecturale de son commanditaire.
En 1949, le château est classé monument historique et il devient propriété du Conseil départemental en 1966. Les décors muraux ont été inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1988.
En 2006, le département en fait  un domaine  d’art et de culture où chaque été une large programmation de spectacles  y est présentée. Il sert aussi pour différentes manifestations organisées par le Conseil départemental.
La visite-guidée du château est enrichie au fur et à mesure des découvertes des archéologues et historiens qui mènent depuis 2009 un grand programme de recherches scientifiques destinée à la mise en valeur du patrimoine.
NB: le même Gallois Regard fit  aussi construire l’Hôtel de Bagnoréa à Annecy (18 rue sainte Claire)

 

  – Le château de Ripaille.  (à Thonon-les-Bains près du lac Léman) voir site www.ripaille.fr
Au début du 14ème siècle, le château de Ripaille n’était qu’un rendez-vous de chasse. C’est Bonne de Bourbon, l’épouse du comte Amédée VI,  qui en fit un lieu de résidence. C’est là que mourut en 1391, son fils Amédée VII suite à un accident de chasse. Amédée  VIII s’y plaisait beaucoup. Il fit agrandir  le château  et construire 7 tours. C’est là qu’il se retira en 1434 avec 6 gentilshommes pour former  l’ordre de Saint Maurice. Il y resta jusqu’en 1439 quand le concile de Bâle l’appela pour le nommer pape. Puis le château connut des fortunes diverses :  monastère, puis place forte militaire. En 1589, il est occupé par l’armée bernoise qui détruit  des bâtiments et 3 tours. Ensuite, des Chartreux occupent le château  mais ils sont chassés par la Révolution en 1793.  Il est vendu comme bien national. Depuis, les différents propriétaires exploitent les terres agricoles, 53 hectares de forêts  et  22 hectares de vignes qui donnent un excellent vin blanc classé AOC. En 1976, la propriétaire,  Madame Harold Necker, aidée des pouvoirs publics, crée la Fondation Ripaille pour conserver et mettre en valeur ce patrimoine.
NB : ne pas confondre ce château avec le château de Thonon qui était situé là où se trouve aujourd’hui la place du château et qui était aussi utilisé par les comtes de Savoie (le duc louis y naquit). Il a été démoli en 1591 lors de la guerre avec Genève.

Le Château de Miolans  à Saint-Pierre d’Albigny
C’est un bon exemple de château du Moyen Age dont l’objet était de surveiller  les routes des Bauges, de la Tarentaise et surtout de la Maurienne. Propriété de la Famille de Miolans, en 1523 il passe par héritage aux ducs de Savoie qui le transforment en prison. Il devint  « la bastille » de Savoie.
Le marquis de Sade fut un de  ses plus célèbres prisonniers  (du 9 décembre 1772 au 30 avril 1773). Accusé dans une affaire d’empoisonnement à Marseille, il vint se mettre en sécurité à Chambéry. Mais condamné par défaut à mort, il est arrêté sur dénonciation de sa belle mère et   enfermé à Miolans. Là, le séjour ne devait pas être trop dur, car il y était avec un domestique  et il pouvait s’acheter tout ce dont il avait besoin. Profitant de bonnes relations avec le directeur de la prison, il put se promener librement dans l’enceinte du donjon du château et pouvait aller dans une chambre de l’appartement du directeur  de la prison pour y recevoir des visites. Le 30 avril 1773, il profita qu’une fenêtre de cette chambre n’avait pas de barreau pour s’échapper.
En 1875, le château est acheté  à titre personnel par  le  préfet de la Savoie : Eugène Guiter.
Aujourd’hui, le château est ouvert au public mais il appartient toujours à un propriétaire privé.
Voir en fin de page d’avantage d’informations sur ce château de Miolans.

Le Château de Montrottier (situé  à Lovagny  près  des gorges du  Fier, à 10 km d’Annecy)
C’est un très beau spécimen d’architecture militaire construit entre le 13 ème et le 15ème siècle. Son donjon domine à 36 mètres. Il offre une très belle vue sur le Parmelan,  le Mont Veyrier,  la Tournette. Par temps clair, on peut voir le Mont Blanc.
Léon Marès, son dernier propriétaire privé,  l’a meublé de très riches collections   (armes, armures, céramiques, ivoire, mobilier, bas reliefs en bronze….) et l’a légué en 1916 à l’Académie florimontane dont il était membre. Cette académie  a été fondée  en  1606 par François de Sales et Antoine Favre  (président du Sénat de Savoie et père de Vaugelas, un des fondateurs de l’Académie française).

Le Château de Menthon-Saint Bernard  
Ce château, situé au bord du lac d’Annecy,  est une ancienne maison forte du Xe siècle. Il a été  remanié à plusieurs reprises et restauré au XIXe siècle dans un style néogothique. Il est toujours habité par des descendants de la famille. C’est un musée mais aussi un lieu de réception.
C’est un grand château : il comporte 105 pièces sur 4 niveaux,  il  s’étend sur plusieurs centaines de mètres carrés. On peut y admirer de très belles pièces meublées, en particulier la chambre de la comtesse, les anciennes cuisines du XIIIe siècle, la grande salle, admirablement décorée de tableaux et de beaucoup de meubles anciens datant du XVIe au XIXe siècle, des meubles Louis XIII et Louis XIV, une belle tapisserie des Gobelins de 1730 et d’autres d’Aubusson.  Il contient surtout  une magnifique bibliothèque de plus de 12.000 ouvrages  datant des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, dont une édition complète de  l’encyclopédie de Diderot. Il y a aussi des incunables qui sont les premiers livres imprimés et aussi des manuscrits anciens écrits sur parchemin, peau de mouton ou de chèvre, avec des enluminures peintes par les moines du Moyen Âge.
La chapelle, de style roman, est richement décorée.
Selon la légende, c’est  en l’an 1008, que serait né dans cette première forteresse médiévale, Bernard de Menthon  [] qui fonda  les hospices des Grand et Petit -Saint Bernard.      On dit aussi que pour répondre à sa  vocation  de devenir prêtre, il dut s’échapper de nuit du château  car son père voulait le marier.  Mais actuellement, on considère que  tout ceci est bien une légende et il n’y  a  même pas de certitude que  saint  Bernard  ait un lien avec le château  de  Menthon.

Les Châteaux d’Allinges 
Au Moyen âge, de part et d’autre de la frontière  mais à 150 mètres de distance,  il y avait face à face deux châteaux. Le château vieux appartenait au sire du  Faucigny et le neuf au comte de Savoie qui détenait le Chablais. Les conflits nombreux entre les deux parties cessèrent  par le traité de 1355 qui permit au comte de Savoie de récupérer le Faucigny en contrepartie des possessions qu’il avait dans le Viennois. Ce traité était passé  avec le roi de France qui avait acheté le Dauphiné  en 1349   ( y  compris  le Faucigny  qui était passé sous la coupe du Dauphiné  lors du mariage du dauphin Guigues  VII avec Beatrice de Savoie, héritière du Faucigny) .
Suite à la guerre avec Genève, les châteaux sont occupés par les Bernois  (alliés des Genevois) de 1536  à 1567. Ils sont de nouveau  occupés lors des invasions de 1690 et en 1703. Dès leur récupération  par l’armée savoyarde,  le duc Victor-Amédée II décide le démantèlement des deux forteresses mais la chapelle   a échappé à la démolition, de même que quelques bâtiments  annexes.
Lors de sa campagne  de reconversion du Chablais au catholicisme, François  de Sales  s’y réfugia, notamment en  1594/1595, pour éviter les mauvais coups qu’auraient pu lui porter des extrémistes protestants.
En 1832,  les ruines sont achetées par Mgr Rey, évêque d’Annecy, qui y aménagea un prieuré pour la congrégation des missionnaires de  Saint François de Sales.qui y est toujours (4 membres).
Aujourd’hui,  la commune d’Allinges, propriétaire de l’ensemble du site, aménage les lieux pour en faire  un site remarquable  car la vue  est exceptionnelle sur le  lac Léman et la Suisse voisine.

 – Le Château de Thorens 
Il existe dans ce village  un château d’époque gothique qui appartient encore à des descendants de la famille de Sales  avec de nombreux souvenirs de la famille, notamment de saint François et de Cavour dont la grand-mère était une fille de Sales. Mais, ce château n’est pas celui de François de Sales, car avec ses parents il habitait  dans  un autre château situé à proximité. Ce château   a été démoli lors du passage de l’armée française en 1630.
On peut noter que le château actuel propose des  chambres d’hôtes, ce qui permet aux locataires de goûter aux plaisirs  de  « la vie de château ».

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Complément: article détaillé sur le CHATEAU DE MIOLANS

Situé sur la commune de Saint Pierre d’Albigny, entre Chambéry et Albertville,  il est situé à 550 mètres d’altitude sur un escarpement rocheux qui domine la Combe de Savoie. On trouve les premières traces de son histoire dès le 11ème siècle.

Au Moyen-âge, propriété de la famille de Miolans, il fut doté de moyens de défense très élaborés pour servir,  avec les châteaux de Montmélian, Montmayeur ou Charbonnières,  à la protection de la région contre les agissements des voisins dauphinois. Il contrôlait l’une des principales voies d’accès en Savoie et assurait le contrôle de la frontière du duché de Savoie avec le royaume de France.

Qualifié « d’exemple le plus parfait de l’art militaire jusqu’à la fin du XVe siècle » (J. Formigé), on y observe encore de nombreux éléments défensifs remarquablement conservés : deux enceintes, plusieurs fossés, des galeries et des portes protégées, des tours et de nombreuses meurtrières.

Au XV ème siècle, la famille de Miolans s’éteint et le château est cédé à Charles III, Duc de Savoie. Celui-ci dans un premier temps souhaitait lui conserver sa vocation militaire, mais le château-fort moyenâgeux n’était plus « aux normes » de l’époque.

Son successeur, Emmanuel-Philibert, choisit de le transformer en prison d’Etat. Le château de Miolans a ainsi joué en Savoie le même rôle que celui de la Bastille pour les rois de France. On le surnomme d’ailleurs souvent « la Bastille savoyarde ».

Parmi les prisonniers, on trouvait pêle-mêle des opposants au Prince, des marginaux, des jeunes gens de bonne famille enfermés  à la demande de leurs familles auxquelles leur conduite faisait de l’ombre, des gens par lesquels le scandale arrivait : le marquis de Sade en fut l’un des plus célèbres exemples, il trouva d’ailleurs le moyen de s’échapper. Il y eut aussi des protestants durant la guerre contre les Vaudois et, même, 3 femmes accusées de sorcellerie.

Les cellules portaient des noms tels que l’Enfer,  le Paradis en passant par  le Purgatoire  et  l’Espérance  ce qui en dit long sur le confort et les conditions d’emprisonnement de certaines cellules.
Les derniers prisonniers furent libérés en 1792 durant la période révolutionnaire.
Le château tomba alors dans l’oubli. Il fut largement démantelé et devint « une admirable ruine, la plus importante et la mieux conservée de toutes celles qui couronnent chaque rocher de Savoie »  selon le Baron Achille Raverat dans son ouvrage  « Savoie, promenades historiques, pittoresques et artistiques (1872) ».
Il a été racheté en 1875,  par Eugène Guter, alors  Préfet de Savoie à Chambéry. Il appartient toujours à ses descendants.
Aujourd’hui, le château est classé monument historique depuis 1944. D’importants  travaux de rénovation ont été faits. Le jardin médiéval comporte de nombreuses  plantes  possédant des propriétés culinaires ou  médicinales.  Du haut des  remparts,  on a une vue exceptionnelle sur le Mont Blanc et jusqu’au  Vercors.
Depuis quelques temps,  il est  accessible aux visiteurs pendant la saison d’été, ou sur rendez-vous toute l’année. Chaque été,  on y  organise des activités, notamment  médiévales. On peut  même y louer des locaux pour organiser des réceptions ou des séminaires.

Pour en savoir plus : consulter internet où figurent de nombreuses photos, notamment le site officiel  (www.chateau-de-miolans.com). Voir aussi le livre de Cédric Brunier, professeur d’histoire et guide au château (Miolans, château fort et prison d’État. Petite histoire de la « Bastille savoyarde »,  Editions La Fontaine de Siloé, 2016).

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