Patrimoine immobilier : églises et monastères

Patrimoine Immobilier : les églises et monastères

Cet article   ne présente pas un inventaire exhaustif du patrimoine savoyard, ce n’est qu’un aide mémoire des lieux historiques les plus connus et que l’on peut visiter. Pour plus d’informations se reporter à des ouvrages de librairie ou internet, par exemple,  le site http://lemuseevirtueldespaysdesavoie.fr/

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– L’église de Brou, Philibert II le Beau et Marguerite d’Autriche (www.monastere-de-brou.fr/) 
L’église de Brou (quartier sud de Bourg en Bresse) est de style gothique, le monastère et les tombeaux ont été construits de 1506 à 1536 sur la commande de Marguerite d’Autriche.

Marguerite d’Autriche (1480-1530) était la fille de l’empereur Maximilien, la tante de Charles Quint et la petite fille de Charles le Téméraire. Elle avait épousé en 1501 le duc de Savoie, Philibert II (dit le Beau). Suite à un refroidissement, ce dernier meurt en 1504 à l’âge de 24 ans lors d’un séjour en Bugey (Le Bugey et la Bresse faisaient alors partie des états de Savoie). Marguerite, inconsolable, décide de faire construire à Brou un monastère à l’emplacement d’un prieuré et une église dans laquelle elle fera poser le tombeau du duc, celui de la mère du duc, Marie de Bourgogne et le sien.

Elle réalisera ainsi le vœu qu’avait fait sa belle mère. En effet, Marie de Bourgogne avait fait ce vœu en 1480 pour obtenir la guérison de son mari, le comte de Bresse victime d’un accident de chasse (deviendra le duc de Savoie Philippe II en 1496). Le comte guérit effectivement mais elle ne put tenir sa promesse du fait de son décès.

Marguerite d’Autriche regagna les Pays-Bas, devint l’éducatrice de Charles Quint, et assura avec bonheur la régence des Pays-Bas et de la Comté de 1507 à 1515, puis 1519 jusqu’à sa mort et 1530.

 

– L’abbaye de Hautecombe, nécropole de la Maison de Savoie (https://www.chemin-neuf.fr/fr/pres-de-chez-toi/abbayes/abbaye-d-hautecombe).
L’abbaye a été fondée en 1125 par le comte Amédée III qui voulut y être enterré (il est mort en 1148). Après lui, une cinquantaine de princes et de princesses ont été enterrés à Hautecombe. Lors de la Révolution française, le monastère a été vendu et transformé en faïencerie. Le roi Charles-Félix qui nourrissait une certaine prédilection pour la terre de ses ancêtres, le racheta à titre personnel. Il fit restaurer les bâtiments (de1824 à 1828) et les rendit au culte en les confiant à des moines cisterciens, en 1826. Il voulut y être enterré alors que ses ancêtres avaient choisi Turin depuis 1502 (Basilique de Superga). Son épouse fit de même et aussi un certain nombre de leurs descendants. Le dernier roi d’Italie, Umberto II y fut enterré en 1983 et son épouse, la reine Marie José, en 2001 (décédée le 27 janvier à l’âge de 94 ans). Depuis 1922, l’abbaye était occupée par les Bénédictins de Solesmes. Fuyant le flot des touristes, ils ont rejoint Ganagobie en 1992. Les lieux sont occupés depuis par une communauté du Chemin neuf.

NB : Le fondateur de la Maison de Savoie, Humbert I étant mort à St Jean de Maurienne, c’est en son honneur que le roi Charles-Félix fit construire un mausolée dans le porche de la cathédrale de cette ville.

 

– Abbaye de Tamié :   (voir le site www.abbaye-tamie.com/)
L’abbaye est située sur la commune de Plancherine, sur le flanc Est du massif des Bauges, à 900m d’altitude et à 10 km d’Albertville. Elle a été fondée en 1132, avec l’aide du comte de Savoie Amédée III, par des moines venus de Bonneveaux en Isère sous la direction de Pierre de Tarentaise qui devint 10 ans plus tard, évêque de Tarentaise (1102-1174) (NB : ne pas confondre avec un autre Pierre de Tarentaise qui fut archevêque de Lyon et pape sous le nom de Innocent V, 1225-1276). Comme d’autres monastères, Tamié a connu des hauts et des bas. François de Sales se plaignait du mauvais comportement des moines. En    1677, un renouveau s’instaura avec l’installation d’un groupe de moines venu de  l’abbaye de la Trappe en Normandie. Sous la Révolution les moines sont chassés. Ce n’est qu’en octobre   1861 que l’abbaye est à nouveau occupée par des   moines trapistes. En 1881, les moines créent une fromagerie qui permettra de résoudre les problèmes financiers. Aujourd’hui, Tamié vit sous la règle de saint Benoît, c’est une communauté très active et ouverte sur le monde. Une grande place est donnée à la  liturgie et l’office divin, mais aussi au travail manuel et à l’hospitalité. Elle comporte une trentaine de moines. Les visiteurs peuvent participer aux offices, y faire des séjours dans un bâtiment annexe, seuls ou en groupe, des haltes spirituelles et même découvrir la vie monastique, ou simplement rencontrer un moine ou étudier à la bibliothèque. Le simple visiteur peut accéder à l’église et au centre d’accueil qui présente un montage audiovisuel sur la vie des moines et au magasin de vente de livres religieux et de produits monastiques, dont le fromage de Tamié.

La fromagerie ultra moderne du monastère produit environ 400 kg de fromage de Tamié par jour. Elle est la principale ressource financière de la communauté. Plus de la moitié des Frères participent régulièrement à l’une ou l’autre de ses activités : ramassage du lait, fabrication, livraison des fromages et gestion. Le Tamié est   un fromage à pâte pressée non cuite. Il se présente sous forme d’un cylindre à face plane et au talon légèrement convexe. Il se distingue par la belle couleur safran de sa croute qui, en fin d’affinage, se couvre d’un léger duvet blanc. Sa pâte beige est homogène, légèrement crémeuse avec un cœur plus ferme. Les moines le commercialisent sous deux formats : le « Grand Modèle  » (environ 1,6 kg) et le  » Petit Modèle  » (environ 600 g).
Le monastère n’a pas de vaches, comme autrefois, mais il achète le lait à une dizaine de fermes partenaires pratiquant une agriculture raisonnée, ce qui contribue au maintien d’agriculteurs dans le secteur situé à 900 mètres d’altitude. La collecte se fait tous les jours pour garder la fraicheur du lait ce qui permet au fromage de dégager un parfum naturel qu’aucune production industrielle ne saurait imiter. Il n’y a aucun traitement avant fabrication. Les ferments lactiques utilisés sont cultivés sur place et la présure provient de la caillette de veaux. Les fromages sont affinés dans les caves de l’Abbaye où la température est maintenue à 14ºC, pendant trois à quatre semaines.  Le lactosérum (petit lait) est traité dans une station de méthanisation produisant le gaz nécessaire au chauffage de l’eau sanitaire de l’Abbaye  Des contrôles très fréquents sont faits à tous les stades de collecte et de traitement de façon à garantir l’hygiène et des produits sains respectueux de la nature.
Pour le connaisseur novice, le petit Tamié ressemble beaucoup à un reblochon.

 

– Abbaye d’Abondance  (voir site http://www.abondance.org/abbaye-abondance-ete.html)

Ce fut d’abord un simple prieuré fondé par des moines venus du monastère d’Agaune en Valais (nom actuel : Saint-Maurice) vers les années1080. Le monastère est élevé au rang d’abbaye en 1139. Du 11ème au 15ème siècle, et principalement au 13ème siècle, l’abbaye vit un l’âge d’or et son rayonnement est tel qu’elle est la « première abbaye du diocèse de Genève ». Avec les comtes de Savoie, elle partage les droits féodaux. essaime et crée des filiales dans toute la région ou en restaure (Sixt, Entremont, Grandval et la Gollie en Franche Comté, Peillonnex, … ). L’abbaye est chargée du service de nombreuses paroisses où un moine fait fonction de curé. Elle reçoit de nombreux dons et legs.

Mais les problèmes arrivent, surtout avec le système de la commande   (1436) et un relâchement des mœurs, si bien que François de Sales obtient du pape le remplacement des moines en place par des Feuillants de Toulouse en 1607. Suite à des difficultés entre les moines et les habitants et surtout avec l’évêque, notamment au sujet de la nomination d’un curé non moine dans l’abbaye. L’évêque obtient la dissolution du monastère en 1761.La cure est installée dans une aile du bâtiment. Quant à l’église, il n’y a pas eu de changement puisque depuis toujours elle servait aussi d’église paroissiale.
Sous la Révolution, les biens du monastère, bâtiments et terres, mais pas l’église ni la partie occupée par le presbytère, sont vendus comme bien national à des particuliers en 1795.
Le grand intérêt de cette ancienne abbaye et que, par chance, aucun bâtiment n’a été démoli et que progressivement, à partir de 1875, la mairie a pu acheter l’ensemble des bâtiments pour y loger ses propres services, une école, l’office de tourisme, des salles de réunion pour les associations, un musée important d’art religieux… Une des merveilles de ce monastère, uniques en Savoie, ce sont les peintures du cloître qui remontent au début du 15ème siècle. Il y a aussi un remarquable siège abbatial , des statues dont une vierge à l’enfant en bois datant du XVème siècle et des statues en trompe-l’œil de Vicario du XIX ème (années 1845-1846). L’ensemble a été classé à l’inventaire des monuments historiques en 1875, c’était le premier monument savoyard à être classé. Aujourd’hui, Abondance est classé Pays d’art et d’histoire.
On dit que ce sont les moines qui ont mis au point la fabrication du fromage d’Abondance.

 Par ailleurs, on peut noter des particularités, semble-t-il, assez rares dans le statut des gens de la vallée. Dans l’acte de donation de 1108 par lequel le seigneur de Féternes transféra la Vallée à l’abbaye, il n’est pas fait état de droits sur les personnes, les habitants étaient donc des personnes libres. En conséquence, il n’y a eu aucune franchise accordée aux habitants et les habitants n’ont pas eu à verser de compensation financière pour racheter des droits lorsque la taille a été supprimée en 1762 et 1771.
De plus, jusqu’à la fin du Moyen âge, si la justice ordinaire (basse justice) relevait bien des agents du monastère (métral, sergents..), ce n’était pas le cas en matière criminelle (haute justice) car c’était les habitants eux-mêmes qui disposaient du droit de juger. Dans la pratique, le métral faisait l’enquête et rapportait devant le jury, présidé par un syndic et composé des 5 syndics de la vallée et de 9 prud’hommes (du moins lors du jugement de Claudia Jorand, accusée et condamnée à être brulée pour sorcellerie en 1502).

 

– Abbaye de Saint-Jean d’Aulps (voir site http://www.abbayedaulps.fr/) Le monastère est fondé en 1094 par quelques dissidents de l’abbaye de Molesme qui cherchent un lieu plus propice à satisfaire leur idéal . Ils sont aidés par l’évêque de Genève, Guy de Faucigny , et par des seigneurs locaux qui leur donnent des terres (surtout les comtes de Rovorée et d’Allinges). Le monastère se développe rapidement et avec des hauts et des bas, il subsiste jusqu’en 1792, date à laquelle les moines sont chassés par les révolutionnaires. Puis, les biens sont vendus à des propriétaires privés qui exploitent surtout les terres, les bâtiments étant laissés à l’abandon. Mais le 11 mars 1823, un incendie ravage l’église paroissiale située au hameau de la Moussière. Le conseil municipal, à la demande des habitants, décide aussitôt de la reconstruire en se servant des pierres de l’ancienne abbaye qui est à l’abandon. Il y eut certes des opposants à la démolition mais le temps d’alerter les autorités et que le gouvernent sarde prenne la décision d’interdire la démolition, c’était trop tard car, en 3 mois, les habitants avaient tout détruit, ou presque. Pratiquement, il ne reste plus maintenant que le mur de la façade d’entrée de l’église, certes, il a encore belle allure…. Le tout est classé « Monuments Historiques » depuis 1902.  Les autorités locales propriétaires des lieux, communauté de communes de la    Vallée d’Aulps   (dont Morzine) et le    Conseil départemental de Haute-Savoie     ont décidé en 1994, de mieux utiliser les ruines et surtout de restaurer la ferme monastique. En 2007, le Domaine de Découverte de la Vallée d’Aulps a ouvert ses portes. La visite comprend un centre d’interprétation aménagé dans l’ancienne ferme monastique. Il est consacré à la vie quotidienne des moines au Moyen Âge et comprend aussi une tisanerie et une boutique de souvenirs. Le reste du domaine est composé d’un    jardin des simples, d’un  potager médiéval et des divers vestiges des bâtiments conventuels (abbatiale, porterie, celliers). Chaque année depuis 2002, des spectacles sont organisés et notamment une fête médiévale en août. Saint Guérin était le deuxième abbé. Depuis longtemps, il est imploré pour la protection du bétail. Sa fête est fixée au 27 août. Autrefois, la fête de la Saint-Guérin attirait beaucoup paroissiens des alentours qui « allaient en pèlerinage à la Saint-Guérin ».

– La chartreuse du Reposoir (voir http://carmeldureposoir.alwaysdata.net/)
Le monastère a été fondé en 1151 et restauré en 1761. Il est aujourd’hui occupé par une vingtaine de sœurs carmélites. C’est une belle construction dans un cadre magnifique. La chartreuse est située à 12 km de Cluses, à 975 mètres d’altitude, près du col de la Colombière. Elle est classée   monument historique et peut être visitée.

– Chartreuse de Mélan à Taninges C’est un ancien monastère de moniales chartreuses fondé en 1285 par Beatrice de Faucigny, fille du comte de Savoie Pierre II. Les religieuses sont chassées en 1792 par la Révolution et les locaux son vendus. Par la suite, le monastère devient un collège et accueille des religieux. En 1903, le département y installe la maison départementale de l’enfance qui devient un orphelinat en 1923. En 1967, un important incendie détruit les locaux de l’orphelinat en faisant dix huit victimes. L’orphelinat disparait donc   mais on crée la  Maison de l’enfance et de la famille actuelle. L’église, le cloître et des bâtiments extérieurs existent encore de nos jours, ils sont occupés [par le  » pôle départemental d’art contemporain « .[

La cathédrale Saint Jean -Baptiste de Saint-Jean-de-Maurienne.
Elle a été construite au 11ème siècle sur l’emplacement d’une église datant du 5ème siècle. Elle doit son nom à la présence de reliques du saint entreposées dans une châsse (trois doigts : le pouce, le majeur et l’annulaire). Dans le péristyle, le roi Charles-Félix fit installer un mausolée en l’honneur de Humbert aux blanches mains, premier comte de Maurienne et fondateur de la Maison de Savoie.

Cathédrale métropolitaine Saint-François de Sales de Chambéry.    L’église actuelle date des 15 et 16 ème  siècles. C’est dans cette église que, sous la Révolution, se tenaient les réunions de l’Assemblée Nationale des Allobroges ainsi que des fêtes révolutionnaires.

– La Sainte Chapelle: c’est la chapelle du château de Chambéry.    Elle a été construite à partir de 1408 dans le style gothique flamboyant. On l’appelle « sainte chapelle » car on y déposa le saint suaire en 1456 et jusqu’en 1578, date à laquelle il a été transféré à Turin. Une réplique y est exposée. (Le transfert à Turin était provisoire, simplement pour permettre à l’archevêque de Milan Charles de Borromée, qui ne pouvait se déplacer, de le voir et de se recueillir).
Le saint suaire serait le linceul qui aurait enveloppé le corps du christ dans son tombeau, mais malgré toutes les analyses faites, rien n’a pu être établi scientifiquement. Ne s’agirait-il pas d’une copie faite au moyen âge? L’Église catholique se montre prudente. Le pape n’a jamais pris de décret qui fasse officiellement du suaire une relique mais ce pourrait être un icône. De plus, même le suaire aurait ou n’aurait pas enveloppé le corps du Christ que cela n’aurait aucune incidence ni sur la foi, ni sur le contenu de la Bible chrétienne.

.- l’église du plateau d’Assy : Notre dame de toute grâce Cette église a été construite dans le cadre de la construction de nombreux sanatoriums au Plateau d’Assy à l’initiative du   chanoine Jean Devémy   (1896-1981)alors aumônier du sanatorium de Sancellemoz, par l’architecte savoyard   Maurice Novarina. Les travaux se sont déroulés de 1937 à 1946. La chapelle doit sa célébrité à sa décoration, réalisée par les plus grands artistes de l’époque : Fernand Léger, Henri Matisse, Marc Chagall, Pierre Bonnard, Jean Lurçat, Georges Braque. Elle a été classée au titre des   monuments historiques en 2004.  Maurice Novarina a aussi été l’architecte de l’église Notre dame du Léman de Vongy à Thonon

 Observation : la décoration baroque de nombreuses chapelles ou églises est abordée dans un article traitant de la spécificité des Pays de Savoie.

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