Aoste et la Savoie

 

                              Aoste et la Savoie

La Savoie et Aoste ont vécu huit siècles de vie commune au sein des états de Savoie. Les liaisons étaient permanentes malgré la difficulté de passer les cols en hiver. Aoste relevait du Sénat de Chambéry et le français y était la langue officielle.

 

1-Présentation générale

La Vallée d’Aoste est  situé au nord  de l’Italie. Elle jouxte les deux départements savoyards et  la Suisse  (Valais). Elle est  au cœur des plus grands sommets des Alpes : Mont Blanc, Dent du Géant, Grandes Jorasses,  Cervin, Mont Rose, Grand Combin, Grand Paradis, tous au dessus de 4000 m d’altitude. Le territoire correspond à la haute vallée de la Doire Baltée. Sa superficie est de 3262 km², les dimensions maximum sont de 100 km en longueur  et 65 en largeur. (NB : la Doire ripaire irrigue la vallée où se situe la ville de Suse). C’est un pays très montagneux. La vallée principale de la Doire ainsi que celles des rivières adjacentes sont étroites. Seul le bas de la vallée centrale de la Doire Baltée se trouve à une altitude inférieure à 500 m ; 20% du territoire est situé en dessous de 1 500 m ; 58 % à une altitude comprise entre 1500 et 2 700 m ; 20 % dépassent cette altitude et 6 % sont recouverts par des glaciers, soit 190 km2. La ville d’Aoste est  à 583 mètres d’altitude. La Vallée compte 74 communes et 8 communautés de montagne, elle a pour chef lieu Aoste, une ville de 35.000 habitants et la population totale de la Région est de 120 000. C’est  le domaine des Grands Parcs Naturels avec le plus ancien en Europe, celui du Parc National du Grand Paradis  (70 000 hectares), créé par le roi Victor Emmanuel III de Savoie en 1922, où  3000 animaux sauvages vivent en pleine liberté et que l’on peut voir à peu de distance. Pour la création de ce parc, Victor-Emmanuel III avait donné en 1919 à l’Etat italien les réserves de chasse que possédait la famille royale de Savoie dans la Vallée d’Aoste. La ville d’Aoste est située à la jonction de deux vallées importantes pour les communications. L’une est celle de la Doire Baltée, qui remonte vers le mont Blanc. L’autre vallée est celle du Buthier, qui remonte vers le Grand-Saint-Bernard. Il y a 14 vallées latérales disposées comme les nervures d’une feuille d’arbre. La ville communique avec la Suisse  (Valais) par le col du Grand-Saint-Bernard   (2473 m) ainsi que par le tunnel du même nom  (6 km, ouvert en 1964), et avec la France   (Chamonix) par le tunnel du Mont-Blanc   (11,6 km, mis en service en 1965) et avec la Tarentaise par le col du Petit-Saint-Bernard  (2188 m).  En suivant la Doire en aval, on accède facilement au Piémont et à Turin (113 km d’Aoste). Cette situation de carrefour entre les deux principaux passages des Alpes du Nord explique l’occupation ancienne du site. Aoste était une des étapes de la Via Francigena, créée par la Romains au 1er siècle, pour relier  Rome à Londres en passant par Lausanne, Pontarlier, Langres, Reims, Arras…. Elle devint plus tard, une importante voie de pèlerinage. Compte tenu de la configuration géographique et de leur longue histoire commune, la Vallée d’Aoste présente  beaucoup de ressemblances avec la Savoie.

NB : Comment doit-on prononcer Aoste? Le mot se prononce en français différemment de l’italien. Alors qu’en italien, on prononce en trois syllabes A-os-ta, en français Aoste se prononce en une seule syllabe sans le A initial, c’est-à-dire « oste ». En patois, les Valdotains disent « ousta » ou  « outa » et, en piémontais, ils disent  « aousta ». En français, on a une règle similaire pour le mois d’août: on prononce « out » et non « a-out » .

 

2-Histoire
Les premiers peuples qui occupèrent la vallée et ses massifs alpins étaient reconnus comme de redoutables guerriers mais les historiens ne nous renseignent guère sur les tribus vivant là (essentiellement  des Salasses)  protégées par les Alpes qui constituaient une frontière naturelle. Après plusieurs tentatives, les Romains, sous l’empereur Auguste,  vainquent les Salasses et occupent la Vallée en 23 avant Jésus-Christ,  puis  ils conquièrent le col (qu’ils appellent col du Mont-Jovis en l’honneur du dieu Jupiter, qui deviendra plus tard par déformation col du Mont-Joux, puis col du Grand-Saint-Bernard en l’honneur du saint) et le Bas-Valais. Ils sont alors maîtres du passage. Ils développent deux villes Augusta Praetoria au sud (nom donné en l’honneur de l’empereur Auguste, devenu Aoste) et Octodure au nord (Martigny). Une garnison implantée à Agaune, là où la vallée du Rhône est très étroite, protège l’empire contre les barbares du nord. NB : c’est dans cette garnison d’Agaune que se trouvaient un groupe de soldats venus de Thèbes en Egypte, commandés par Maurice et Victor, qui furent mis à mort vers 285 pour avoir refusé d’abandonner la religion chrétienne. Après la fondation du monastère en 515, le lieu fut appelé Saint Maurice en Agaune,  puis  Saint Maurice. C’est en l’an  1032 que le comte Humbert, le fondateur de la Maison de Savoie, réunira la Vallée d’Aoste à ses premières possessions savoyardes  (Savoie Propre, Belley…). Jusqu’alors, les évêques d’Aoste étaient aussi comtes, ils avaient  la juridiction temporelle de la vallée. Humbert ayant épousé Ancilie, la sœur de l’évêque d’alors, Anselme III, il devint tout naturellement le lieutenant de l’évêque -ou vicomte- pour les affaires civiles. A la mort d’Anselme, il devint comte en titre, le premier comte laïc de la Vallée, sans doute avec le concours de l’empereur germanique, devenu roi de Bourgogne en 1032. Son fils, Burchard III devint évêque d’Aoste. Depuis cette date, la Vallée fut toujours fidèle à la Maison de Savoie. Cette soumission était assez facile à accepter car la Vallée bénéficiait d’une large autonomie interne accordée notamment par la charte des franchises accordée par le comte Thomas en 1191.

De 1222 à 1466, les comtes de Savoie allèrent souvent à Aoste (plus de 40 fois) pour tenir des « audiences générales » ou « grands jours » en vue d’entendre les plaintes des habitants et rendre la justice. Dans ces circonstances, le comte (ou duc) arrivait avec une cour nombreuse. Ils étaient  reçus avec tous les fastes dus à leur rang. Ils s’installaient dans un château leur appartenant ou chez un dignitaire de la vallée. Le comte (ou duc) commençait par jurer de maintenir les coutumes valdotaines puis ouvrait la séance des tribunaux et jugeait les causes.     En 1536, les Etats de Savoie furent occupés pratiquement en totalité par la France tandis que la région du Chablais l’était par les Bernois/Genevois et les Valaisans. Il ne resta au duc Charles III que Nice, quelques places au Piémont (dont Verceil) et la Vallée d’Aoste. Ne pouvant rien attendre du duc, les Valdotains décident de se pendre en charge.  A l’initiative du Bailli Mathieu de Lostan,  l’assemblée des Etats généraux est réunie le 28 février 1536 dans le verger du couvent Saint François avec la participation de seigneurs, des châtelains des mandements, de députés de toutes les communes et une foule de citoyens. Suite aux explications du Père Savioz, l’assemblée décide de persévérer dans la foi catholique en  combattant activement l’hérésie protestante, de rester dans l’obédience de la Maison de Savoie et de défendre leur patrie en créant immédiatement une armée pour garder les cols. Craignant pour sa vie, Calvin qui était dans la vallée  sous un nom d’emprunt  (Charles d’Espeville), quitta la Vallée avec quelques fidèles pour se réfugier en Valais. Remarque : Le Père Savioz est né à Noyon en Picardie, comme Calvin, et on dit qu’ils ont dû faire ensemble une partie de leurs études.  Lors d’une nouvelle réunion, tenue le 7 mars, l’assemblée des Etats généraux décide de créer un organe exécutif, « le conseil des commis », composé de 25 représentants des 3 ordres de la société les plus aptes pour régir la vie publique (clergé, noblesse et peuple). Les réunions étaient présidées par le bailli qui représentait le duc. La Vallée étant alors entourée par la France qui occupait la Savoie et le Piémont, les Valdotains avaient peur d’être occupés à leur tour et d’être ravagés de fond en comble. Tout en restant dans l’obédience de la Maison de Savoie, ils se considérèrent comme  état autonome et le Conseil des Commis négocia un traité de neutralité avec la France. Ce traité, signé le 4 avril 1537, prévoyait notamment les dispositions suivantes : l’armée française n’entrera pas dans la Vallée mais les Valdotains interdiront le passage  aux Suisses, Espagnols, Piémontais et Allemands; les droit de péage sont supprimés entre la Vallée d’Aoste, la Savoie et la France;  les commerçants de ces pays pourront circuler et commercer librement. Par deux fois, l’armée française demanda le passage mais l’Assemblée des états généraux refusa l’autorisation, ce qui fut admis par les rois François 1er et Henri II qui, au contraire, acceptèrent le renouvellement du traité jusqu’en 1559. Lors du séjour qu’il fit dans la Vallée en février 1539, le duc Charles III confirma les statuts et privilèges de la Vallée et approuva la création du Conseil des Commis. Les franchises de la Vallée furent confirmées par Emmanuel-Philibert dans des lettres patentes en 1559 et en 1580 où figure cette phrase : » Le pays d’Aoste est une province séparée qui ne dépend de nos autres provinces deçà ni delà les monts et qui a ses lois et impositions a part ». Les particularités locales ont été rassemblées dans un « coutumier », publié en 1588, qui survécut pendant deux siècles. Dans ce cadre, une particularité intéressante était que la Vallée, en application du pacte de 1191, ne payait pas d’impôt au souverain mais contribuait à ses frais par un don, appelé « donatif », et qui était réparti entre les habitants selon des règles fixées par l’assemblée des états généraux et dont cette dernière pouvait discuter le montant avec le souverain. L’épidémie de peste de 1630 arrive dans la Vallée, elle tue les deux tiers des habitants.

Lors de la guerre contre la Ligue d’Augsbourg, le Duc Victor-Amédée II ayant pris le parti de la Ligue,  Louis XIV fait envahir la Savoie. A cette occasion, une expédition militaire est effectuée en Vallée d’Aoste, en passant par le col du Petit Saint Bernard, avec 1000 dragons et 5000 fantassins. Elle ne dura que 2 semaines, du 18 juin au 6 juillet 1691, mais elle fit beaucoup de dégâts : pillages, assassinats,  incendies de maisons, ce fut le cas de l’hospice du Petit saint Bernard…     Lors de la guerre de succession d’Espagne, une armée française traverse la Vallée pour aller au Piémont et l’occupe  pendant 2 ans de septembre 1704 à septembre 1706. La discipline militaire fut en général  bien observée et il n’y eut pas les dégâts et excès de la précédente occupation. Au 18ème siècle, dans la cadre de l’amélioration de leur gouvernance, les rois sardes cherchèrent à unifier les régimes de leurs états, ils finirent par  vider de leur substance les assemblées locales.  Le roi Charles–Emmanuel III commença par refuser de reconnaître les anciennes libertés valdotaines, ce qu’avaient reconnu tous ces prédécesseurs lors de leur première visite à Aoste au cours d’une cérémonie organisée dans la cathédrale. Puis, il introduisit les institutions et les impôts en vigueur dans les autres territoires du royaume. Finalement en 1770, il publia les Royales constitutions  aussi en Vallée d’Aoste et en 1773 il supprime le Coutumier et le remplace par un simple Règlement particulier pour le duché d’Aoste. Dans ce cadre, le conseil des commis n’avait plus de place, réduit à 6 membres, il devint uniquement consultatif et il disparut avec la constitution de 1848.  De même, le donatif  fut remplacé en 1774 par un impôt d’état. Cette époque marque la fin du « régime valdotain » aux plans politique et administratif, il aura vécu plus de 7 siècles. Pendant la Révolution française et l’empire, la Vallée eut à nouveau à souffrir pendant 8 années de la part de l’armée française mis aussi des armées autrichiennes et russes. Suite à l’adoption de la constitution civile du clergé en France (12 juillet 1790), la Vallée reçut un certain nombre de proscrits, comme l’évêque de Grenoble, l’archevêque de Vienne ou les vicaires généraux de Lyon. Ce mouvement prit beaucoup d’ampleur lorsque la Savoie fut envahie, le 22 septembre 1792, qu’il s’agisse de prêtres « non jureurs » ou d’hommes politiques, comme De Maistre. Les premiers soldats français arrivent le 3 octobre 1792 à Valgrisenche et à la Thuile pour garder les cols. Des troupes font des incursions dans la Vallée, ravageant tout sur leur passage, particulièrement tout ce qui se rapporte à la religion. Des soldats pillent les cures, renversent les croix, profanent les églises et chapelles…. En 1793, 3000 hommes campent dans le secteur, ils mobilisent les locaux pour assurer leur intendance et le logement. Des heurts ont lieu avec les troupes sardes mais les Français l’emportent. En 1794, les Français envahissent le reste de la Vallée.

Le 15 mai 1796, la paix est signée entre la France et le roi Victor-Amédée III. Ce dernier  abandonne tous ses droits hors la Sardaigne qu’il conserve. Les troupes françaises rentrent en France mais la Vallée reste occupée,  elle formera ensuite un arrondissement du Département de la Doire au sein de la République cisalpine… En 1799, les armées autrichiennes et russes chassent les Français d’Italie, y compris du Val d’Aoste. Mais en mai 1800, Napoléon arrive en passant par le Grand Saint Bernard avec une armée de 40.000 hommes pour aller combattre les Autrichiens et leurs alliés. Malgré quelques opposants qui s’éloignèrent pendant quelques jours et des débordements commis par des soldats en dépit des ordres reçus, Napoléon fut très bien reçu dans la Vallée, notamment à Aoste où il logea à l’évêché (mais l’évêque était parti). Néanmoins, la garnison du fort de Bard (400 Autrichiens) voulut résister quelques jours mais elle ne put empêcher le passage de l’armée. Le 14 juin, ce sera la victoire de  Marengo. Napoléon fit démolir la forteresse de Bard qui sera reconstruite entre 1830 et 1834.  Pendant toute la durée de la Révolution française et même les premières années de l’Empire, toutes les maisons religieuses furent réquisitionnées pour loger les troupes. Après la Révolution, la plupart de ces bâtiments furent vendus pour payer les dégâts causés par la guerre. De plus,  en 1802  Napoléon fit fermer les couvents et nationalisa leurs biens qui furent vendus au profit de l’état. La monarchie sarde, elle-même, contribua à l’appauvrissement des établissements religieux. Ainsi en 1796, le roi Victor-Amédée III, à court d’argent, ordonna que les congrégations religieuses lui donnent le 1/6 de leur patrimoine, ce qui les obligea à vendre la plupart de leurs fermes. En 1799, le roi Charles-Emmanuel IV, invita les corps religieux à l’aider financièrement par des dons plus ou moins volontaires. Au traité de Vienne de 1814, la Vallée d’Aoste fera retour aux états sardes, alors agrandis de l’ancienne république de Gênes. En 1815, la Vallée retrouva son statut de Province mais en 1842 et 1847, on l’unit à la province d’Ivrée et finalement, lors de la réorganisation de  1859  (loi du 25 octobre), elle n’est plus qu’un simple arrondissement incorporé à la province de Turin. Mais, au fur et à mesure que le centralisme de l’état sarde progressait, se développait un sentiment d’autonomie chez  l’élite valdotaine qui menait bataille pour défendre les spécificités de la Vallée.   C’est lors du rattachement de la Savoie à la France en 1860 que la vallée d’Aoste se trouva annexée au Royaume d’Italie sans consultation de la population. Si certains Valdotains étaient favorables à cette union, pour beaucoup d’autres ce fut un drame car ils voyaient bien que sans « la sœur savoyarde », les 85000 habitants francophones de la Vallée d’Aoste ne pèseraient pas lourd dans la nouvelle Italie de 20 millions d’habitants,  alors qu’avec les 500 000 Savoyards la situation eut été plus favorable. Par ailleurs, les mêmes constataient avec  amertume que les Savoyards fêtaient leur réunion avec  la France sans un regard pour les 8 siècles de rapports étroits avec la Vallée  d’Aoste. (NB : la Vallée d’Aoste dépendait du Sénat de Savoie à Chambéry et la langue officielle était le français)  Dans le nouvel état d’Italie, le gouvernement voulut prendre des mesures pour rassembler ou unifier les différentes régions en vue d’en faire un état centralisé et fort. Une des premières décisions étaient d’unifier le pays autour de la langue italienne (en fait le toscan). C’est pourquoi un décret du 10  août 1860 supprima le français comme langue d’enseignement au collège d’Aoste.  Les Valdotains cherchèrent à maintenir leurs particularités mais, bien qu’il n’y eut pas de mesures coercitives, l’italianisation progressait. De plus, les mauvaises relations entre la IIIème République française et le royaume d’Italie à la fin du 19ème siècle ne facilitèrent pas les choses parce qu’elles créaient un certain sentiment anti-français en Italie. Dans le même temps, la situation économique fondée essentiellement sur l’agriculture de montagne et l’élevage par de petites exploitations entraina, à partir de 1880, un important exode rural en direction de la France, de la Suisse puis des Etats-Unis. Cette situation ne fit que renforcer l’identité collective des Valdôtains pour la défense du patrimoine culturel et leur espoir de pouvoir déterminer  un jour leur avenir, en particulier retrouver une autonomie vis-à-vis de l’Etat central italien. Cet espoir était porté non seulement par les élites, sans distinction de parti, mais par aussi par l’ensemble du peuple et particulièrement par l’église locale pour sauvegarder leurs particularités linguistiques, culturelles et ethniques.

C’est en 1909, à l’initiative du docteur Anselme Réan, que fut créé un mouvement d’opposition : la Ligue Valdotaine. Le régime fasciste fit tout pour italianiser complètement la Vallée, supprimer l’enseignement et l’usage du français et les autres particularités locales. De plus, on refusait des emplois aux Valdotains non italophones, notamment dans l’administration et dans les entreprises dépendant de l’état,  ce qui entraina une nouvelle et importante émigration vers la France, la Suisse et l’Amérique. A Paris, beaucoup de  Valdotains occupaient des emplois de chauffeurs de taxi car à Saint Martin, on avait créé une école pour les former et pour leur apprendre le plan et le nom des rues de Paris. Le régime fasciste alla jusqu’à italianiser les toponymes valdôtains  (mais  les anciennes appellations furent reprises après la chute du régime fasciste). Il envisagea  même une mesure analogue pour les prénoms et patronymes des habitants. Ainsi Daniel serait devenu Daniele et Mourier  Murio. Cette mesure fut appliquée dans le haut Adige et en Vénitie Julienne mais pas en Vallée d’Aoste .     Jugeant l’action de la Ligue valdotaine trop timorée, un groupe d’action régionaliste créa en 1925 « la jeune Vallée d’Aoste » qui commença à agir dans la clandestinité contre le fascisme et la monarchie. Ce groupe était dirigé par l’abbé Trèves et le notaire Emile Chanoux. Les choses évoluèrent à la fin de la 2ème guerre mondiale. Le 10 juillet 1943, les Alliés débarquent en Sicile puis pénètrent dans le sud de l’Italie; Mussolini est renversé puis emprisonné dans un hôtel des Abruzzes, sur ordre du roi, Victor-Emmanuel III,  mais le dictateur est délivré par un commando allemand (12 septembre). Les Allemands se transforment d’alliés en occupants. Le Duce installe, sur l’ordre d’Hitler, une République sociale italienne (appelée aussi République de Salò, village au bord de lac de Garde) dans le nord du pays.

A Rome,  le maréchal Pietro Badoglio –qui a remplacé Mussolini à la tête du gouvernement- signe la capitulation le 8 septembre 1943, déclare la guerre à l’Allemagne le 13 octobre et se joint aux Alliés pour la suite de la guerre. S’engage alors une guerre civile avec l’Italie du nord (fasciste) de Mussolini soutenue par les Allemands. L’Italie devient alors un vaste champ de bataille où s’affrontent plusieurs armées étrangères.     Dans ce cadre, les militaires originaires de la Vallée d’Aoste , démobilisés suite à la capitulation de 1943, refusent de s’enrôler dans l’armée de la République sociale fasciste de Mussolini. Ils  constituent des brigades de « partisans » sous les ordres d’Emile Chanoux et organisent la résistance  contre les troupes d’occupation allemandes et les fascistes  avec l’objectif final  d’obtenir pour la Vallée une large autonomie dans le cadre d’un état italien fédéral  (cf Déclaration de Chivasso du 19 décembre 1943).  Jusqu’à la fin de la guerre, en 1945, la Résistance subit beaucoup de pertes dont Emile Chanoux  (1906-1944) qui mourut assassiné par les fascistes. Son nom a été donné à la principale place de la Ville d’Aoste  (ancienne place Charles-Albert). Le 28 avril 1945, tentant de fuir vers la Suisse, Mussolini est arrêté et exécuté  par des partisans communistes. Après la guerre de 1939-1945, l’autodétermination régionale de la Vallée devenait enfin une perspective concrète bien qu’à cette époque la majorité des mouvements politiques et de résistance plaidaient pour l’annexion à la France,  ce que  le général De Gaulle aurait accepté, mais les Américains s’y opposèrent. Le général reconnut dans ses mémoires que la Vallée d’Aoste est tournée vers l’Italie car les liaisons avec la France sont coupées huit mois par an. L’idée d’un  gouvernement local élu par les Valdôtains, qui exercerait un pouvoir souverain sur la région, commence ainsi à prendre corps. Mais l’indépendance étant utopique et l’annexion à la France impossible, la seule possibilité pratique était de choisir le fédéralisme à l’intérieur d’un nouvel État italien, ce que prônait les autonomistes ayant à leur tête le professeur Frédéric Chabod. Dès la chute de Mussolini, et après un siècle de lutte,  la Vallée d’Aoste bénéficie d’un statut provisoire d’autonomie  mis en place par les décrets du gouvernement italien De Gasperi en décembre 1945 et janvier 1946. Frédéric Chabod fut le premier président du Conseil de la Vallée d’Aoste. Ce statut  sera confirmé et précisé par la loi du 26 février 1948. Dans ce statut, il y a autonomie relative de la Vallée mais il n’y  pas d’état italien fédéral. NB : un statut comparable est accordé à d’autres régions présentant des particularités linguistiques, ethniques ou économiques dans le but de contrecarrer les mouvements séparatistes et de protéger les minorités (Sicile, Sardaigne, Trentin-Haut-Adige et en 1963 Frioul-Vénétie Julienne). Au plan économique, on constate depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, une inversion de la tendance démographique et économique avec un important développement touristique et industriel accompagné d’un fort exode rural ce qui produit même un flux immigratoire (en 2008, on dénombre 5000 étrangers). Le revenu moyen de la Vallée est maintenant parmi les plus élevés de l’Italie.     Pour ce qui est de l’avenir, les particularismes locaux ont deux ennemis : la mondialisation et la suprématie de la langue anglaise. Mais, dans le cadre de l’Europe, on peut imaginer un rapprochement plus grand de la  Vallée d’Aoste et de la Savoie avec les autres régions alpines dont les intérêts sont largement communs.

 

3-Organisation administrative de l’état italien et de la région d’Aoste

L’Etat italien  est formé de 20 régions dont 5 bénéficient d’un statut d’autonomie interne (Vallée d’Aoste, Sardaigne, Sicile, Frioul-Vénétie Julienne, Trentin-Haut Adige). Les régions regroupent des départements (appelés « provinces » ) où un préfet représente l’Etat. Dans le cadre de la loi de 1948, les autorités de la  Région Aoste administrent librement la Région pour les affaires intérieures, selon une définition donnée par la loi.

Les autorités régionales comprennent : –    un parlement appelé « Conseil de la Vallée », composé de 35 conseillers, élu au suffrage universel pour 5 ans. Le conseil élit son président. –    un président de la Région élu  au suffrage universel –    un gouvernement  composé de 7 ministres, appelés « assesseurs », nommés par le Conseil de la vallée sur proposition du Président de la Région.  Ils peuvent être choisis en dehors du Conseil (assesseurs techniques). C’est le Président de la Région qui a la charge du pouvoir exécutif   (gouvernement et administration). C’est lui qui représente la Région. PS: en Vallée d’Aoste, il n’y pas de département (provincia), ni de préfet: c’est le Président de la Région qui assume les fonctions dévolues aux préfets existant dans les régions à régime ordinaire.

Organisation communale : Elle est largement comparable à la situation des communes françaises, mais -le maire (appelé syndic) et le vice syndic sont élus directement par les électeurs, depuis 1995. Dans les listes présentées pour les élections au conseil municipal, les  candidats à ces postes doivent être précisés (c’est normalement les têtes de liste).
-Le conseil municipal élit ensuite les assesseurs (adjoints) qui, avec le syndic et le vice-syndic, sont l’organe exécutif de la commune (appelé « giunta, junte).
-Pour les communes de plus de 15000 habitants, les électeurs votent directement aussi pour les adjoints. Sont élus ceux qui ont le plus de voix. En Italie, le nombre de communes est bien plus faible qu’en France : 8101 seulement (dont 74 pour la Vallée d’Aoste) contre 36 000 en France.

 

 4-Le patrimoine de la Vallée d’Aoste

4.1 Le patrimoine de la ville d’Aoste  La ville dispose d’un important patrimoine romain. Elle était un avant-poste de la traversée des Alpes à l’embranchement des routes des cols du Petit et du Grand St-Bernard. A l’époque romaine, la ville était appelée Augusta Praetoria Salassorum en l’honneur de l’empereur Auguste (63 avant JC/14 après, il succéda à Jules César). Parmi les  vestiges romains,  on trouve : anciens remparts, tours de défense, porte prétorienne, théâtre romain avec sa façade de 22 mètres,  amphithéâtre de 20.000 places, forum, vestiges de thermes, pont romain et l’arc de triomphe d’Auguste (construit en 24 av .J-C), construit en l’honneur de l’empereur Auguste qui vainquit le peuple des Salasses. Sur cet arc de triomphe, il était écrit en latin  « Le Salasse longtemps défendit ses foyers. Il succomba. Rome victorieuse ici déposa ses lauriers. »  (la plaque n’existe plus)   Le  patrimoine religieux est remarquable : la collégiale saint Ours du Xème siècle (fresques, crypte, colonnes, vitraux, clocher, cloitre, chapiteaux historiés),  le prieuré Saint Ours de style Renaissance (construit  de 1494 à 1506), la cathédrale romane du XIIème siècle mais des éléments sont plus récents comme la façade qui a été refaite en 1848 ou le cloitre qui date du 15ème siècle, l’Évêché médiéval remanié au XVIIIème siècle…  Le périmètre d’enceinte des fortifications romaines de la ville demeure visible en de nombreux endroits. De plus, les tours sont également visibles comme la Tour du Baillage, la Tour Fromage, la Tour du Pailleron, la Tour de Bramafam, la Tour du Lépreux (évoquée dans le roman Le lépreux de la cité d’Aoste de Xavier de Maistre), la Tourneuve, la Tour des seigneurs de Quart à Saint-Ours. Le nom de la Tour du Baillage vient du fait qu’elle était occupée au Moyen-Age par le bailli, qui était le représentant sur place du comte (ou duc) de Savoie.

4.2-La vallée comporte un très grand nombre de châteaux du Moyen Age, une centaine, dont certains sont parfaitement conservés pour n’avoir jamais été abandonnés. Ils  sont alignés comme des sentinelles le long de la vallée centrale. Présents dans chacune des vallées latérales, ces châteaux  sont les témoins d’une vie féodale particulièrement riche et intense. Chacun a son caractère, son histoire et, s’ils ne sont pas tous ouverts au public, leurs silhouettes fait partie intégrante du paysage. Une particularité est qu’ils étaient placés de telle façon que chaque château pouvait voir celui placé en aval et celui placé en amont ce qui leur permettait de communiquer avec eux par des signes, notamment pour  signaler l’arrivée d’un danger.
Le château de Fénis :   Parmi les plus remarquables, on trouve le château de Fénis  construit en 1340 par Aymon de Challant . C’est une très imposante forteresse, à la fois bâtisse militaire et demeure seigneuriale. Les fresques y sont magnifiquement conservées, ainsi que le mobilier. Il abrite depuis 1936 le musée de l’ameublement valdôtain et depuis 2009, le Musée de l’artisanat valdôtain de tradition. Le château a été récemment restauré. Il appartient à la Région. La famille de Challant est sans doute la plus illustre de la Vallée. Au cours des siècles, elle a fourni de nombreux responsables civils,  militaires et religieux (de nombreux évêques…)  qui ont servi les comtes et ducs de Savoie avec zèle et fidélité. Quelques uns sont allés servir d’autres princes. La famille s’est éteinte au début du 19ème siècle.
La forteresse de Bard   est’une très imposante forteresse construite sur un promontoire rocheux dominant le bourg de Bard et dont le rôle était de verrouiller la basse vallée de la Doire Baltée, particulièrement étroite à cet endroit,  pour empêcher l’ennemi de passer. Elle a été construite par le Régime sarde entre 1830 et 1834 sur les ruines de l’ancienne forteresse qui existait déjà à cet endroit  et que Bonaparte avait fait raser en 1800 car elle  avait  retardé le passage de son armée de 40.000 hommes (400 soldats autrichiens tenaient alors la forteresse).             PS: c’est à la même époque qu’ont été construits les forts de la Maurienne (Essaillon, Marie-Christine,  Marie-Thérèse…). Le fort a été restauré et transformé en centre culturel dédié aux Alpes sous toutes ses formes. Des travaux très importants ont duré de 1999 à 2006.  Le Musée des Alpes a été inauguré en 2007. On y organise aussi des expositions temporaires. Un restaurant permet d’accueillir des congrès et des manifestations de toutes natures.

4.3-Les Valdotains sont très attachés à leur folklore et à leurs  traditions.  Ils  participent à de très nombreuses fêtes et manifestations organisées tout au long de l’année par les différents assessorats   (ministères) et associations, permettant à la communauté valdotaine de se retrouver. Un Comité des traditions valdotaines veille au maintien des traditions. Ces fêtes sont souvent l’occasion de porter les  costumes traditionnels.  Chaque vallée possède ses costumes, celui pour travailler et celui pour les grandes occasions, plus richement ouvragé. Pour les hommes, l’habit de travail doit être solide. Ils sont d’une couleur uniforme, noir pour le pantalon et le veston, qui a parfois quelques broderies, la chemise est blanche, béret ou chapeau à large bord protègent du soleil et des intempéries, un foulard rouge est noué autour du cou. L’habit de travail des femmes est généralement de couleur noir avec quelques petites pièces  colorées de rouge ou violet, il est protégé par un tablier noir. Le corsage est généralement blanc, avec parfois quelques motifs brodés. Un châle noir est jeté sur les épaules. Les couleurs des vêtements donnent souvent l’indication  de la  vallée d’origine, voire du village. Les costumes de fêtes, que ce soit mariages, fêtes religieuses ou traditionnelles, sont très merveilleusement décorés, principalement ceux des femmes. Les Fêtes traditionnelles sont nombreuses. En effet, tous les actes de la vie courante sont une occasion pour organiser les fêtes qui animeront les villages. Que ce soit à la fin des moissons, la descente des alpages (la Désarpa), l’époque de l’année ou l’on tue le cochon ( Fetha dou lard), la récolte des châtaignes, les vendanges, la fin de l’hiver et ses nombreux carnavals, les veillées d’hiver (la Veilla), les jeux traditionnels (Palet, Tsan, Filet, Rebatta), les foires et marchés, les batailles de Reines  (combat de vaches de race  Valdostaine), la fête des Guides, les nombreuses fêtes religieuses, et bien d’autres événements de la vie du Valdotain.

 

5-Le tourisme et le ski Le tourisme est une des principales ressources de la Région.   La Vallée  est un véritable paradis du ski. Avec plus de 800 km de pistes de ski alpin et 300 km de pistes de ski nordique  (dont une grande partie munie de système d’enneigement artificiel), 180 remontées mécaniques, 1100 moniteurs de ski, 180 guides de haute montagne, 8 bases héliski et 111 chalets-refuges.  Des stations sont mondialement connues : Courmayeur, Breuil-Cervina, la Thuile, Pila, Cogne, Champoluc… La station de Cogne est le principal centre de ski nordique. A noter qu’un téléphérique relie, en 17 minutes, la Ville de Aoste à la station de  Pila (plus de 170 km de pistes, plus de 170 moniteurs, possibilité de skier à plus de 2000 mètres d’altitude ….). De cette station, on a une vue magnifique sur la Vallée et la chaine des Alpes allant du Mont-Blanc au Mont Rose.

 

6- L’agriculture Compte tenu de l’altitude de la région, on comprend facilement que l’agriculture soit essentiellement l’élevage, des bovins en particulier (plus de 30.000 têtes). La superficie des pâturages représentent 98% des terres agricoles.  Le nombre d’ovins et de caprins est de 3.000 environ. En 2006, on comptait 3480 exploitations, dont la moitié n’employaient que le seul exploitant, ce qui fait que l’exploitation disparait, le plus souvent, lors de la retraite ou le décès de l’exploitant. Entre 2000 et 2006, 191 jeunes seulement se sont installés. Le lait sert à faire du fromage dans une trentaine de fromageries dont 17 coopératives. On fabrique essentiellement  la fontine .  Des agriculteurs ont commencé à développer le tourisme à la ferme pour augmenter leurs revenus.
PS : autres ressources économiques : forêts et travail du bois par un très grand nombre d’artisans et d’artistes (meubles, outils, sculptures et objets d’art…), production d’électricité d’origine hydraulique et l’aciérie dite « de Cogne » à Aoste qui fabrique des aciers spéciaux et occupe 800 ouvriers (mais 8 000 vers 1930).

 

7-Les spécialités  alimentaires
Sur ce point, la situation de  la Vallée  d’Aoste est assez comparable à celle des départements savoyards puisqu’on y trouve largement :
-la charcuterie, notamment : le jambon de Bosses qui est un jambon cru artisanal et traditionnel produit en petite quantité. Il  bénéficie d’une Appellation d’Origine Protégée (A.O.P.)  (ne  pas confondre avec le jambon  » Aoste  »  que l’on trouve en France et qui est préparé dans l’usine d’Aoste en Isère, à 15 km de la Tour du Pin. D’ailleurs, pour éviter la confusion, le jambon français doit s’appeler depuis 1996 « jambon Aoste » et non « jambon d’Aoste ) .             La saouseusse du Grand Paradis, est une  saucisse typique faite de viande de cochon et de boeuf, obtenue en mélangeant la matière première avec du vin épicé, des herbes de montagne, du lard, des épices et des arômes naturels (cannelle, clous de girofle moulus, noix de muscade et ail).  La pâte, finement moulue, est tendre et savoureuse. Avec le boudin, c’est la charcuterie la plus traditionnelle des montagnes de la Vallée d’Aoste.             PS: saouseusse veut dire saucisse en patois valdotain
– le fromage :  la fontine     C’est un fromage typiquement valdotain. Ses origines remontent au Moyen-âge. C’est un fromage à pâte semi-cuite élastique, de couleur légèrement paille, plutôt mou avec peu de cavités, Il a une saveur caractéristique, douce et délicate, il  fond dans la bouche.  C’est au XVIIe siècle que ce fromage a été appelé « Fontina ». Dès ce moment-là, il se retrouve très souvent dans les événements historiques de la Vallée. La fontine est obtenue avec du lait de vache, entier et cru, provenant d’une seule traite. Aujourd’hui encore, on le travaille en utilisant des techniques vieilles de plusieurs siècles. Son affinage est naturel et se fait pendant une période moyenne de trois mois. Il est très riche en ferments lactiques vivants et en vitamines A, il contient  également des protéines, du calcium et du phosphore, ce qui en fait un aliment nourrissant de qualité, très digeste et bien toléré. Il convient en particulier à la préparation de plats de qualité, que ce soit des hors-d’œuvre ou des plats principaux, surtout dans les recettes de la tradition populaire valdôtaine, telle que la Fondue. Excellent comme fromage de table, il s’accompagne de vins rouges au goût plein. La marque du Consortium est imprimée à l’encre sur l’une des faces de la meule. La fontine ressemble  beaucoup au fromage d’Abondance tant par la forme, le volume et le genre de fabrication.
– Les Vins : malgré l’altitude, la Vallée  compte  une vingtaine de vins d’appellation d’origine contrôlée et autant de producteurs. Chaque année, Aoste organise un grand concours international de vins de montagne. Les vignobles du Valdigne sont les plus hauts d’Europe  (1200 mètres, commune de Morgex). Le climat de la Vallée sec et chaud au cours de l’été est favorable à la vigne.

 

8-L’Université

La Vallée d’Aoste a son Université depuis l’année 2000. Elle a progressivement grandi et  l’offre actuelle s’axe  autour de :
•    cinq Facultés : Sciences de l’Économie et de la gestion d’entreprise  (notamment économie du tourisme et de la montagne), Psychologie, Sciences de la formation, Langues et communication, Sciences politiques et des relations internationales)
•    l’école de spécialisation pour les professeurs de l’enseignement  secondaire
•    le Centre des Langues Étrangères  (pour professeurs et étudiants). L’enseignement est assuré en italien et en français, mais aussi en anglais. Des rapports sont organisés avec l’université de Savoie, notamment dans le cadre de Erasmus. L’université participe à la vie locale, elle organise aussi des cours de  formation continue,  des conférences pour la population et des congrès. Pour les autres disciplines (Sciences et techniques, droit, médecine…) les étudiants doivent toujours fréquenter les universités italiennes; notamment celle de Turin.

 

9- La langue française en Vallée d’Aoste
Lorsque la Vallée faisait partie des états de Savoie, elle était une région francophone dans laquelle deux idiomes se soutenaient réciproquement : le patois valdotain (comme langue de communication orale) et le français (comme langue de culture et de communication écrite). En 1561, le duc Emmanuel-Philibert  déclare le français langue officielle en remplacement du latin pour la partie ouest de son duché et la Vallée d’Aoste, c’est à dire là où la langue était déjà pratiquée (édit de Rivoli du 22 septembre 1561 ; au Piémont et à Nice, c’était le toscan). Ceci  a toujours été confirmé par la suite, y compris par la constitution de 1848. PS : à la chambre des députés, les parlementaires s’exprimaient en français ou en italien et les lois devaient être écrites dans la langue de la région où elles s’appliquaient.  Après l’intégration de la Vallée au royaume d’Italie, la langue italienne s’est  diffusée dans tous les domaines de la société. Mais, c’est  surtout au cours de la période fasciste, que le gouvernement de Mussolini s’attacha à faire  disparaitre  les langues valdôtaines par  la suppression des écoles   de hameaux (108) en 1923 et des panneaux routiers bilingues en 1924, l’abolition du français dans l’administration publique, dans les tribunaux et les écoles en 1925 avec l’interdiction de l’enseigner. A partir de 1927, on traduit les toponymes en italien, ce qui est achevé en 1939. De même, on poussa les gens à italianiser leurs nom et prénom, notamment à l’occasion d’actes officiels, comme les déclarations de naissances. Par ailleurs, le régime fasciste s’efforça d’implanter dans la région une population 100% italophone, notamment pour les besoins de main d’œuvre de l’aciérie de Cogne  (alors 8 000 ouvriers)  en faisant venir des ouvriers du Sud ou de la Vénétie. On refusant les emplois aux non italophones. Toutes ces actions ont évidemment conduit à une baisse importante du français si bien qu’aujourd’hui en vallée d’Aoste, on peut estimer que le français n’est la langue maternelle que pour  5 % environ de la population (et probablement moins),  mais 12 à 15% parle couramment le français et 3 personnes sur 4 connaissent plus ou moins bien le français surtout à l’écrit pour l’avoir appris à l’école. Les habitants qui ne connaissent pas le français sont donc ceux qui n’ont pas été scolarisés dans la Vallée. En revanche,  100% des habitants connaissent et pratiquent  l’italien. Toutefois, on constate que les prénoms données aux enfants sont encore souvent des prénoms  à consonance française.  Mais, l’italien est de loin la 1ère langue, c’est la langue de tous les jours.

Après la chute du fascisme, on est revenu à l’appellation française des toponymes et on a autorisé les habitants dont le nom ou le prénom avait été italianisé à le franciser   (exemple : Danilo ou Daniele redevient Daniel). Pourtant, au plan légal le français est langue officielle au même titre que l’italien comme le prévoit  la loi de 1948 dont l’article 38 est ainsi rédigé : . « La langue française et la langue italienne sont à parité en Vallée d’Aoste.  Les actes publics peuvent être rédigés dans l’une ou l’autre langue, à l’exception des actes de l’autorité judiciaire, qui sont rédigés en italien.   Les administrations de l’Etat prennent à leur service dans la Vallée, autant que possible, des fonctionnaires originaires de la Région ou qui connaissent le français. » Le bilinguisme français-italien constitue l’un des points fondamentaux du Statut d’Autonomie de 1948 et l’égalité dans l’emploi de la langue française et italienne en est un des aspects les plus caractéristiques.  Cette situation joue un rôle d’une importance capitale dans l’organisation scolaire, partagée en école maternelle, école primaire, école secondaire de 1er et 2ème degrés. Dans le domaine scolaire, c’est toujours le Statut spécial qui permet d’adapter les programmes scolaires nationaux aux exigences socioculturelles et linguistiques locales. C’est ainsi que toute classe d’âge scolaire, de l’école maternelle à la secondaire supérieure, reçoit l’apprentissage de l’italien et du français pendant un nombre d’heures équivalent et, dans les trois premiers cycles de l’école, les étudiants valdôtains peuvent étudier une partie des disciplines en français. La quatrième épreuve de français à l’Esame di Stato a marqué une étape importante pour l’application du bilinguisme dans l’école secondaire de 2ème degré dont l’objectif est de vérifier les capacités d’expression et de critique des candidats.  Toutefois, dans la réalité quotidienne, il apparaît que le français n’est pas considéré à l’école  à égalité avec l’italien car  la règle d’égalité est mal respectée et surtout  parce que le bilinguisme n’est pas pratiqué réellement, seuls les cours de français sont en français,  pratiquement partout les autres matières s’apprennent en italien. De fait, l’italien est la langue courante à la maison, à l’école et dans la rue, le français devient de plus en plus une langue étrangère, certes une langue étrangère privilégiée car elle est la  principale justification du statut particulier d’autonomie de la Vallée d’Aoste. Pour ce qui concerne les rapports avec l’administration locale ou régionale, les valdotains peuvent utiliser le français mais les fonctionnaires ne sont pas obligés de répondre en français et ils ne le font jamais ou presque; de plus, les administrés francophones craignent que l’utilisation de leur langue ne soit une cause de retard dans la résolution de leurs problèmes, ils sont donc pratiquement conduits à recourir à la langue italienne tant à l’oral qu’à l’écrit.
Quant aux  hommes  politiques, ils ne donnent pas le bon exemple dans leur discours car  la plupart d’entre eux se contentent d’un bref passage en français au début ou à la fin de leur discours, que ce soit à leurs électeurs ou à la presse…  Hors de la Vallée, beaucoup d’Italiens, dont de nombreux députés, estiment que la part actuelle du Français dans la Vallée ne justifie plus un régime politique particulier. Enfin, il faut  noter que pour les Valdotains dont la langue maternelle pratiquée à la maison n’était pas -ou n’est pas- le français ni l’italien mais le patois, le passage à l’italien ne représente pas l’abandon de leur langue maternelle.
Mais il y a des espoirs permettant de croire que le français continuera à être utilisé et parlé dans la Vallée, notamment:
– Des associations se battent pour que le français continue à être enseigné dans les écoles et utilisé dans l’administration et aussi pour que le patois ne disparaisse pas .
– La Région dispose d’un Service de promotion de la langue Française  dont l’activité consiste à traduire les textes officiels et à promouvoir l’usage du français dans l’administration.
-Depuis 1988, l’Administration régionale verse une prime de bilinguisme à tous les fonctionnaires bilingues, une somme non négligeable.
– la Région, n’étant pas un état , n’est pas membre  officiel de la Francophonie mais elle entretient des relations privilégiées avec le monde francophone. Chaque année est organisée La Semaine de la Francophonie et la section francophone de la Saison Culturelle  propose de la musique, du théâtre, des films et des conférences.
– la création de l’université à Aoste permet de recruter des enseignants du primaire francophones puisqu’ils doivent être titulaires d’un diplôme d’enseignement supérieur qui auparavant ne pouvait être acquis que dans une université italienne où l’enseignement se faisait évidemment en italien
– des contacts existent entre les services d’enseignement français, italiens et valdotains  (projet ESABAC : bac franco-italien, formation des enseignants, accord entre les ministres de l’Education nationale du 17 juillet 2007 pour des actions communes, échanges de lycéens et d’étudiants…)
– un lycée a une section internationale
– l’université d’Aoste entretient des contacts avec l’université de Savoie
– un centre de l’Alliance Française existe à Aoste (enseignement de la langue et de la culture françaises) présence de l’alliance française et d’un attaché linguistique à l’ambassade de France à Rome  PS : Aoste est jumelée avec Narbonne, Albertville, Chamonix et Martigny.

 

Remarques et compléments


a- l’anglais est enseigné dans l’enseignement secondaire et, depuis 1998, il a été introduit dans le primaire en tant que « langue étrangère ». Pour les italophones de souche, la question se pose de savoir s’il faut privilégier l’anglais par rapport au français.

b– les toponymes  (noms des lieux) sont tous en  français, sauf Aoste/Aosta et Breuil /Cervinia et 3 villages dont le nom est écrit en Walser. Les panneaux routiers sont tous en français sauf rares exceptions.

c– une vingtaine de chaines de télévision sont diffusées dans la Vallée mais 2 seulement sont entièrement en français

d– le français  a peu ou pas de place dans la presse écrite locale et la publicité. Il y en a davantage dans les magazines locaux. C’est le cas de l’almanach « Le Messager valdotain », publié une fois par an. Toutefois, on constate que chaque année la part accordée au français diminue.

e- le Walser : Il existe en Vallée d’Aoste quelques communautés parlant une langue germanique, le walser. Il s’agit de descendants du peuple alaman qui du 12 au 14ème siècle quittèrent le Valais pour s’installer dans la haute vallée du lys et y créèrent les villages de Issime et de Gressoney  (au sud du Mont Rose) dans des zones alors inhabitées. En Italie, il  existe aussi des Walsers dans les régions du Frioul-Vénétie Julienne et  de Trente. En tout, cela ferait environ 3000 locuteurs de langue walser, dont 600 en Vallée  d’Aoste. Le mot walser vient directement du mot valais (Wallis en allemand).     A la même époque, des Walsers émigrèrent aussi dans d’autres régions, comme la Susse romande ou la Savoie, où ils exerçaient les métiers de maçons ou de charpentiers.

Conclusion : Au plan juridique, la langue française est sur le même plan que la langue italienne mais dans la pratique tout est fait pour la prééminence de l’italien

 

10-Patois valdotain
La langue populaire locale ou patois valdotain, appartenant au groupe francoprovençal, est toujours bien vivante, même si elle n’a plus la place qu’elle avait autrefois du fait du développement de l’italien depuis 1861 et surtout sous le régime fasciste. La vallée d’Aoste est actuellement la seule région où le francoprovençal est encore parlé comme langue maternelle toutes générations confondues, mais surtout en dehors de la ville d’Aoste. Avec le soutien  du gouvernement régional, de nombreuses associations, dont le centre d’études francoprovençales, militent pour la conservation de cette langue.

Exemple de prononciation : le nom de la ville de « Morgex », se prononce en Aoste « Morgé », comme on le pratique  en Savoie pour Excenevex ou Bex en Valais.

 

11-Foire de la Saint-Ours  (en italien Fiera di Sant’Orso, en patois valdôtain Fèira de Sènt-Or)
Selon la légende, la première foire fut organisée en l’an 1000. C’est la foire de l’artisanat typique et de tradition du Val d’Aoste la plus prestigieuses de la région. Elle a lieu chaque année les 30 et 31 janvier.  Elle rassemble environ un millier d’artisans et  d’artistes venant de toutes les vallées. Au départ,  elle fut d’abord une foire aux objets fabriqués avec les matériaux dont on disposait sur place, qu’il s’agisse d’objets de première nécessité ( assiettes, cuillères, écuelles, paniers, échelles, barils, meubles, sabots, tasses pour le vin qu’on appelle « grolles », ….)  ou d’objets religieux. Aujourd’hui, elle  est devenue largement une foire d’objets décoratifs ou d’art. C’est aussi, et de plus en plus, une manifestation touristique qui attire des milliers de personnes venant du nord de l’Italie, de Suisse et de France. Bien entendu, on y trouve aussi tous les produits alimentaires et spécialités valdotaines et des groupes  folkloriques valdôtains font l’animation.

 

12- Espace Mont Blanc
Un schéma de développement durable pour le secteur du Mont-Blanc a été approuvé par une conférence  transfrontalière  (France, Aoste, Suisse) en 2006. Ce programme, qui bénéficie de fonds européens, se traduit par des applications concrètes, comme le Centre d’expositions et de bivouac à la petite caserne du Col de la Seigne dont la structure constitue un projet pilote pour l’emploi de sources renouvelables en haute altitude : l’approvisionnement en énergie est complètement assuré par un système qui combine panneaux solaires, installation photovoltaïque et microcentrale hydroélectrique. Des projets de plus grande envergure sont à l’étude dans le cadre d’un Plan intégré transfrontalier d’application du Schéma de développement durable de l’Espace Mont-Blanc Ce  Plan prévoit la réalisation d’actions sur quatre lignes prioritaires d’intervention: -identité et mise en valeur du patrimoine du Mont-Blanc -économie durable et qualité de la vie -gestion intégrée du territoire, de l’environnement et du paysage -mobilité douce.

 

13- Les saints valdotains:    
Saint Ours  (mort en 529) : Orso en italien     C’est un des saints les plus populaires de la Vallée. Il naquit en Irlande, alors pépinière de grands saints  (saint Colomban…). Arrivé à Aoste, son comportement exemplaire lui vaut d’être nommé  très rapidement  archidiacre de la cathédrale, c’est à dire dans la charge la plus importante auprès de l’évêque, le futur saint Joconde. Ce qui distinguait  saint Ours c’était surtout sa compassion pour toutes les misères et les infortunes et, selon la légende, il accomplissait des miracles en leur faveur. C’est ainsi que pour aider les paysans de la vallée du Buthier victimes de la sécheresse, il frappe un rocher avec son bâton et il en jaillit de l’eau. La source coule toujours aujourd’hui (fontaine de saint Ours au hameau de Busseya).     Souvent, on le voyait distribuer des souliers ou des socques (sabots) aux pauvres. Cette pratique se fait encore en souvenir du saint. Selon la tradition, il apprit aux ayassins l’art de fabriquer les sabots : les sabotiers d’Ayas sont aujourd’hui connus partout en Vallée d’Aoste pour leur habileté. Ce qui fit à jamais la gloire de saint Ours c’est d’avoir contribué, dans des circonstances dramatiques,  à maintenir la foi dans le pays d’Aoste et, à cet effet, d’avoir créé une collégiale de chanoines réguliers qui prirent ultérieurement  le nom de Chanoines de Saint Ours et dont l’objet était de  se livrer corps et âme au service de la foi catholique. Ces circonstances étaient qu’à la mort de l’évêque Joconde, les Ariens parvinrent avec l’aide du roi Théodoric à faire nommer un évêque arien, dont le nom était Plocéan,.mais sans respecter les règles canoniques.  (NB :  l’arianisme est une hérésie consistant à refuser de croire à la divinité du Christ et donc ne pas reconnaître le dogme de la sainte trinité).        Dans ce contexte, Saint Ours essaya de convaincre son nouvel   évêque    de revenir    dans la vraie foi, n’y parvenant pas il quitta son poste d’archidiacre et avec des fidèles   alla   créer  ce qui devint la collégiale de Saint Ours au Bourg.     Un jour, un serviteur ayant fait un manquement, l’évêque Plocéan  le fit battre et flagellé de manière barbare, il en survécut et alla voir Saint Ours. Ce dernier lui dit « allez dire à votre évêque de ma part  » « vous mourrez dans peu de jours suffoqué par les démons et entrainé par eux dans les enfers » et il ajouta pour le serviteur  « préparez-vous  et  je  vous suivrai de  peu ».  Effectivement,  l’évêque  mourut  dans  la  nuit,  le domestique expira le même jour et Saint Ours quelques jours après, c’était le 1er février 529. Saint Ours fut enterré dans la collégiale, appelée depuis « la confession de saint Ours ». Ses ossements furent mis dans une chasse en argent doré en 1358 qui se trouve actuellement dans le maitre autel en marbre construit en 1738. Saint Ours ne tarda pas à être vénéré d’un culte public. Beaucoup de paroisses le prirent comme patron et même des villages le choisirent pour nom  (en Savoie aussi).   NB : le nom « ours »  n’est pas courant en français, on n’en connait pas l’origine. Sans doute est-ce une mauvaise prononciation de son nom irlandais.

Saint Grat (775-810)               Né à Sparte, il devint professeur de philosophie à Athènes. Embrassa la vie religieuse et entra chez les moines de saint Basile à Ephèse et y enseigna la théologie, puis il est nommé évêque d’Aoste où il arriva en 776. Après une vie de travaux, de prières, de sacrifices, il mourut en 810 et fut enterré dans la crypte de la cathédrale. Il est le saint patron de la Vallée d’Aoste.

Saint Bernard de Menthon Il naquit en 996 au château de Menthon sur les bords du lac d’Annecy. En l’an 1025, ses parents voulurent le marier mais lui voulait devenir prêtre. La veille du jour prévu pour le mariage, il s’enfuit du château et alla à Aoste où il avait un parent, Pierre de Duin, qui était archidiacre du diocèse  (donc le numéro 2). Ce dernier l’accueillit et le prit dans le groupe des novices des chanoines de  la cathédrale. Dès qu’il fut prêtre, Bernard se lança dans des activités missionnaires et évangélisa bon nombre de villages de la Vallée en privilégiant l’éducation du peuple et la réforme des mœurs. A la mort de l’archidiacre Pierre de Duin, il fut élu pour le remplacer. Il occupa ce poste jusqu’à sa mort, pendant 42 ans. Il redoubla alors de zèle et étendit son action aux régions voisines en allant prêcher en Tarentaise, à Genève, à Sion, au Piémont, en Lombardie… En 1081, étant à Novare, il  se rend à Pavie pour rencontrer l’empereur germanique Henri IV  (celui de Canossa) et le convaincre de faire la paix avec le pape. N’y étant pas parvenu, il retourne à Novare où il mourut le 12 juin 1081 après une maladie de 6 semaines et pendant laquelle il fit plusieurs guérisons miraculeuses en faveur de ses nombreux visiteurs. Il a été enterré dans l’église Saint Laurent de cette ville. L’œuvre universellement connue de Bernard de Menthon est la création des hospices  des cols de Mont-Joux et de la Colonne-Joux pour accueillir les pèlerins et voyageurs et chasser les brigands qui rançonnaient les voyageurs. C’est en l’honneur du saint que ces cols furent renommés « Grand-Saint-Bernard » et « Petit-Saint-Bernard ». Le culte du Saint commença très rapidement après sa mort. Il fut inauguré par l’évêque d’Aoste, Arumptius, vers l’an 1087.  La tombe du saint a disparu lors de la destruction de l’église Saint-Laurent de Novare en 1553 mais il existe des reliques du crane dans la cathédrale d’Aoste,  au Grand Saint Bernard et dans la cathédrale de Novare.

Saint Anselme    (1033-1109) . Il est très probablement né à Aoste, dans une maison sur la rue qui porte son nom, dans le bourg de Saint-Ours. Certes, il y a une tour appelée « Tour de Saint-Anselme » à Gressan mais elle a acquis  cette dénomination quelques siècles après sa naissance, sans doute pour célébrer sa mémoire. Il étudia au prieuré de Saint-Bénin. Il passa le reste de sa vie en France et en Angleterre, c’est pourquoi, on l’appelle aussi  « Saint-Anselme de Cantorbéry ». Il fut un très grand philosophe. Voulant devenir moine, il chercha un monastère susceptible de lui fournir des maitres habiles dans l’enseignement des hautes sciences. Il s’arrêta au monastère des Bénédictins du Bec en Normandie où existait une école de philosophie. Il s’y fit religieux et commença  son noviciat. Il avait alors 27 ans. Puis, il fut admis au sacerdoce. Malgré son peu d’ancienneté et son jeune âge (30 ans), il est choisi pour remplacer le prieur parti dans un autre monastère. Sa renommée de bonté, de science, de sainteté se développe rapidement. De partout, on accourt au Bec pour bénéficier de son enseignement. Après 15 ans comme prieur, les moines l’élisent abbé, en 1078, pour remplacer l’abbé décédé. Cinq ans après, il est nommé archevêque de Cantorbery. Cette nomination avait été facilitée par le fait que l’abbaye possédait de nombreux domaines en Angleterre que l’abbé visitait souvent et que, par ailleurs, il était bien connu du duc de Normandie/roi d’Angleterre qui avait donné son accord à sa nomination d’abbé du Bec (NB: le duc de Normandie était roi d’Angleterre depuis le débarquement de 1066 et il devint alors Guillaume-le-conquérant). NB : Ne pas  confondre cet Anselme avec l’évêque d’Aoste qui céda sa charge de comte  à Humbert 1er de Savoie qui avait épousé sa sœur,  Ancilie.

 

14-Les immigrés au Val d’Aoste
Bien que le Val d’Aoste soit une région de montagne aux hivers enneigés et rigoureux, on y trouve des immigrés venant pour une grande part du continent africain. Le nombre des immigrés progresse si bien  que la vallée devient petit à petit une terre multiethnique. À la date du 31 décembre 2006, les citoyens étrangers résidant dans la région étaient au nombre  de 5.544, dont  2.352 d’origine européenne,  2.422 d’origine africaine, 515 d’origine américaine, 252 d’origine asiatique et 3 originaires d’Océanie, soit presque 4,5% de la population.   La plupart de ces immigrés trouvent du travail dans les secteurs du  tourisme et du bâtiment. Les pays les plus  représentés sont : le Maroc (39%), l’Albanie (20%) et la Moldavie (16%).

 

15- Faire des recherches de généalogie en Vallée d’Aoste
Les recherches dans la Vallée sont souvent assez faciles à faire en consultant  les registres dans les mairies. Mais pour la période antérieure à la mise en place de l’état civil en 1860, il faut se rendre dans les  cures des paroisses. ***************************************************************************

Sources utilisées : Histoire de la Vallée d’Aoste  de l’abbé Henry, publié en 1929, 5ème édition en 1981   Le pays de la Doire et son peuple de Augusta VittoriAa Cerutti (Editions Musumeci à Quart, Aoste) Le Petit Saint Bernard de Gisèle Gaide, Odile Mérendet, Jean-Luc Penna, (La Fontaine de Siloé 1996 Le Val d’Aoste : Tradition et Renouveau de Bernard Janin  (Musumeci éditeur, 1991)  Informations diverses  publiées sur internet, notamment sites de la Région et de la Ville d’Aoste.  Compléments recueillis   sur place lors de plusieurs voyages avec les Valdotains de Lyon.               Ce document  a été préparé ne conférence faite aux adhérents de la Savoisienne philanthropique de Lyon                                                              LPD 5 mars 2010